Bonjour à tous, après entretien avec ma formatrice référente pour le tfe j'ai décidé de m'orienter autrement. Voici ce que ca donne pour le moment.
Questionnement
Ma situation interpellante est issue de mon stage de chirurgie gynécologique. Le service dispose de lits d'hospitalisations traditionnelle et de semaine. Chaque équipe est composée de 2 binômes infirmière-aide soignante qui se partagent le service. Une équipe d'interne assure la partie médicale du service lorsque les chirurgiens sont en consultation ou au bloc opératoire. Le service fait aussi appel à la kinésithérapeute, à la psychologue ainsi qu'à des associations de malades.
Je reçois avec l'infirmière Y, Mme B, 49ans, admise dans mon service pour une
mastectomie? Au moment de la quitter, elle nous remercie d'avoir été aussi souriante et rassurante, que cela lui permet de penser à autre chose.
C'est le moment du premier pansement... Elle souhaite voir sa cicatrice. Nous lui montrons avec un miroir et lui expliquons que c'est oedématié, que la cicatrice mettra du temps à s'aplanir. La seule phrase qu'elle nous dira ce jour là : « cela ne plaira pas à mon mari ! Je ne me reconnais pas... ». Suite à quoi nous lui répondons que nous, infirmières, nous trouvons sa cicatrice très jolie d'un point de vue médical et qu'il n'y a pas de raison pour que cela change.
Le lendemain, c'est une autre infirmière, X, du pôle de remplacement interne de l'établissement, et moi même qui prenons en charge Mme B. C'est moi qui effectue le pansement. La nouvelle infirmière se présente et reste lors du soin de façon à me donner des conseils concernant la réalisation du soin. Pendant celui-ci, Mme B, me regarde. J'essaye de détendre l'atmosphère en souriant de mes compresses qui tombent au sol mais madame B semble moins à l'aise que la veille. A la fin du soin, elle se tourne vers l'infirmière et lui demande : « comment vais-je faire avec mon mari ? Il ne peut pas me voir comme cela ! ». L'infirmière lui a répondu qu'elle avait le temps de penser à tout cela et qu'il fallait d'abord qu'elle pense à elle. L'infirmière me dira plus tard qu'elle n'a pas l'habitude de prendre en charge des patientes mastectomisées et qu'elle se sent mal à l'aise face à cette chirurgie. La seconde infirmière présente ce jour là, lui a proposé de prendre le relais et a suggéré qu'éventuellement je pouvais prendre en ch arge cette patiente. L'infirmière X a refusé, expliquant que la journée se terminait et qu'elle me superviserait.
Aux transmissions à l'équipe de l'après-midi, l'infirmière X décrira cette patiente comme étant « trop en demande vis à vis du personnel », « très négative ». J'ai temporisé les propos en expliquant qu'elle m'avait parlé et que cette dame me semblait avoir besoin de parler.
Le lendemain, lors du pansement, où cette fois je me trouvais seule, Madame B me parle de X, l'infirmière qui a assisté aux soins la veille. Elle me dit l'avoir trouvé froide et pas très à l'écoute; « En sortant de la chambre, X m'attend pour un débriefing du soin. Je lui dis alors que Madame B a encore beaucoup d'interrogations en tête mais que je n'ai pas pu répondre à toutes ces questions. X me répond alors que le psychologue est là pour ça et que notre travail s'arrête ici. La voyant à bout je lui demande si tout va bien...elle me répond qu'elle est fatiguée, que les patientes la monopolise et que c'est un service beaucoup trop dur pour elle. Je lui rappelle donc que sa collegue lui a proposé de prendre le relai et que cela ne devrait pas la déranger aujourd'hui non plus. Elle me répond qu'elle ne peut pas, que sa collegue aussi a du travail et qu'elle « elle se se plaind pas ». Elle finira la discussion en ajoutant qu'elle aussi a les compétences pour effectuer les soins à cette patiente.
Analyse
Durant tout ce stage en service gynécologique, j'ai été confrontée à diverses chirurgies dont certaines étaient « mutilantes » et auraient pu me choquer. En choisissant ce stage, je me doutais effectivement que j'allais voir de nombreux soins, mais je n'avais aucun a priori sur ceux-ci. C'est donc sereine que je suis arrivée dans le service. Je me suis donc dans un premier temps, demander : Quels enjeux se jouent dans la mastectomie ? Quels sont les représentations des soignants et des personnes hospitalisées par rapport à la mastectomie ?
Dès le premier jour, on m'a fait participé aux soins. Et le premier pansement que j'ai vu ce jour là, était un pansement post-mastectomie. Et, même si j'ai très vite braquée mon regard sur le sein qui n'était plus et sur ce que j'appelais moi « une mutilation », j'ai très vite regardé cette plaie d'un oeil purement infirmier et j'ai laissé de côté mon ressenti. Cette situation m'a donc fait me demander pourquoi l'infirmière qui a accueillie la patiente, s'est elle aussi sentie très à l'aise alors que la seconde infirmière, intérimaire, s'est crispée? Par conséquent, je me suis dans un premier temps demandé : L' âge de la soignante peut-il être une étiologie a cette réaction ? En effet, la premiere infirmière avait une vingtaine d'année et la seconde, une quarantaine. Puis je me suis demandé : « En quoi, une infirmière intérimaire peut-elle se sentir en difficulté face à une pathologie qu'elle ne maitrise pas ?
Devoir en tant que stagiaire depuis quelque jour seulement dans le service, prendre en charge les questions et l'état de santé de cette patiente m'a fait posé beaucoup de questions : En serais je capable ? Comment dispenser des paroles dans une situation dont je ne connais que l'aspect théorique ? C'est alors que je me suis demandée si L'expérience professionnelle de l'infirmière, ou de la stagiaire, peut influencer l'établissement d'une relation soignant-soigné avec une femme mastectomisée ?
Je me suis intéressée au stress et à l'épuisement. Je me suis donc demandée : Quand parler d'épuisement professionnel ?En quoi, les changements de services à répétitions ou des situations de soins qui nous gênent peuvent -t-il amener à l'épuisement professionnel ?
Je me suis enfin posé des questions par rapport au rôle de l'équipe soignante ainsi qu'au positionnement des stagiaires. En effet, j'ai été surprise que l'infirmière X refuse l'aide de sa collegue surtout qu'elle reconnaissait elle-même être face à une situation qui la mettait en difficulté.
Dans ce cas là, peut-on se donner le droit, en tant que professionnel de passer la main à sa collègue ou à un stagiaire ? Si oui quand ?
Et là je suis coincée, je ne sais pas trop quoi mettre en question de départ. Si quelqu'un pouvait m'aider... j'aimerai partir sur le role de soutien/entraide de l'équipe face à une situation difficile ( ici la mastectomie...)